16ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 9 juillet 2022Avec le Christ ressuscité, choisir la meilleure part
Homélie
Textes bibliques : Lire
La première lecture et l’évangile de ce dimanche nous parlent de l’accueil et de l’hospitalité. Abraham se montre très généreux envers les trois hommes qui s’approchent de sa tente. Jésus reçoit l’hospitalité dans la maison de Marthe et Marie. Voilà donc deux récits très proches l’un de l’autre. Mais il y a entre eux une différence importante. Dans la première lecture, ce qui est mis en avant, c’est la générosité du patriarche qui accueille les invités. Dès que ces derniers s’approchent de sa tente, il va à leur rencontre. Il leur demande d’accepter son hospitalité. Il leur manifeste une disponibilité extraordinaire. Ce qui est surprenant, c’est qu’il s’adresse à eux comme à une seule personne. Il les appelle “Mon Seigneur”
Il importe peu de savoir combien ils étaient. En fait, Abraham a compris qu’en donnant l’hospitalité à ces trois personnes, c’est Dieu qu’il accueille. Cet événement a beaucoup marqué la spiritualité orientale. Nous connaissons tous l’icône d’Andrei Roublev qui en donne une explication trinitaire. Les Pères de l’Église ont vu en ces trois personnages une image de la Trinité : trois personnes qui sont un seul Seigneur. En pratiquant l’hospitalité, nous entrons en contact avec Dieu.
Le Dieu d’Abraham vient à nous aujourd’hui. Nous ne voyons pas son image ; mais nous le reconnaissons dans cette assemblée. Ses traits sont parfois ceux de l’étranger que nous regardons à peine. Il est là, à travers le pauvre, le petit, l’immigré, l’exclu ; c’est lui qui frappe à notre porte. Au terme de notre vie, il nous dira : “tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. C’est un appel pour chacun de nous à donner généreusement au service de Dieu et de nos frères
Dans l’évangile, nous lisons le témoignage de l’hospitalité de Marthe. Elle est attentive à servir Jésus et à tout faire pour qu’il se trouve à son aise dans sa maison. A côté de cette hyperactivité de Marthe, nous avons l’attitude totalement différente de Marie : elle s’est tout simplement assise à ses pieds pour l’écouter. Jésus fait comprendre à Marthe que seconde manière est la meilleure. Bien sûr, il importe que le service soit assuré correctement. Mais un hôte est plus honoré quand on prend le temps de l’écouter et de comprendre ce qu’il veut. C’est encore plus vrai pour Jésus car il est “la Parole de Dieu”.
Marie a choisi la meilleure “part.” Elle est reçue et accueillie par le Seigneur. Elle se nourrit de sa parole. Dans ce cas, on peut dire que la relation d’hospitalité est réciproque. C’est important pour nous : nous avons toujours besoin d’accueillir Jésus, d’accueillir sa Parole, d’accueillir son amour dans nos cœurs. Bien sûr, l’action est nécessaire. Mais nous ne devons pas oublier la supériorité de l’accueil du Seigneur dans nos vies ; ce qui est le plus important, c’est ce que le Seigneur fait pour nous, ce qu’il dit et ce qu’il accomplit. Quant à nous, nous ne sommes que ses modestes collaborateurs.
Quand on a ainsi accueilli la Parole de Dieu, on ne peut que vouloir la communiquer aux autres. C’est ce que nous montre l’apôtre Paul dans la seconde lecture. C’est avec beaucoup de zèle qu’il annonce le Christ ; il s’adresse à tous, en particulier aux païens. Il leur annonce que Dieu aime tous les hommes de toutes les nations. Il veut tous les unir pour les faire tous entrer dans une même grande famille. Cette lettre de Paul s’adresse aussi à nous aujourd’hui : elle nous invite à vraiment accueillir la Parole du Christ dans nos vies. Sans lui, nous n’avancerons pas. C’est avec lui que nous pourrons collaborer à son œuvre de salut dans le monde. Il est “l’âme de tout apostolat” (Dom Chautard).
Comme à Mambré et comme à Béthanie, le Seigneur continue à s’inviter. C’est ce qui se passe dans chaque Eucharistie. Il reçoit nos offrandes mais c’est pour se donner lui-même : “Prenez et mangez…” Pour nous orienter vers le repas eucharistique, il se tient à notre porte et il frappe ; il attend que nous lui ouvrions pour nous inviter à manger avec lui et lui avec nous (Ap. 3. 20). Il est toujours là pour nous offrir la meilleur part, la Parole de vie et le Pain du Royaume. Puis à la fin de la messe, nous serons envoyés pour la porter à nos frères.
Nous te prions, Seigneur : rends-nous accueillants et attentifs comme Marie et serviables comme Marthe. Ainsi, autour de nous, beaucoup pourront se réjouir de ta présence. Amen.
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Sources : Revues Feu Nouveau, Fiches domiicales – Pour célébrer l’Eucharistie (Feder et Gorius) – Lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye) – Missel Communautaire.
L’Évangile de ce dimanche nous relate l’accueil de Jésus chez Marthe et Marie. Les deux sœurs reçoivent le Maître chez elles chaque fois qu’Il est de passage. Saint Luc met en évidence l’attitude de chacune des deux sœurs : Marthe prend soin de Jésus et Marie écoute sa Parole. À première vue, ces deux attitudes s’opposent. Se souciant du bien-être des convives, Marthe s’affaire aux tâches car Jésus est avec ses disciples, cela entraîne donc beaucoup de travail. Et nous comprenons bien son irritation quand elle voit Marie assise aux pieds du Seigneur pour L’écouter. Ce récit et la parabole du ‘bon samaritain’ que nous avons méditée la semaine dernière nous transmettent un même message aux deux aspects importants de la foi chrétienne : l’engagement social et la vie intérieure.
Ce texte est maintes fois commenté : les deux sœurs sont souvent prises comme symbole de l’opposition entre action et contemplation, entre mission sociale et vie intérieure. Cependant, loin d’être antagonistes, Marthe et Marie représentent deux approches complémentaires dans la réalité de la vie chrétienne : action sociale et prière. Seulement, il ne faut pas que l’action, toute indispensable qu’elle soit, finisse par accaparer l’esprit au point de gêner le mouvement du cœur ! En effet, si l’écoute de la Parole de Dieu paraît essentielle, il convient également de la mettre en pratique. Deux piliers de la foi chrétienne ! L’un ne saurait se passer de l’autre : intégrer la Parole pour la mettre en œuvre. Écoute et action ne doivent donc pas être confrontées, mais être perçues comme le terreau qui fait germer la foi. Jésus a donné une place de choix à Marie. Il invite également Marthe à trouver la sienne. Il apprécie l’hospitalité de Marthe, néanmoins Il lui reproche gentiment l’agitation et le stress qu’elle y met. « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et t’agites pour bien des choses. » (Lc 10:41) Il ne s’agit donc pas d’opposer Marthe l’active à Marie la contemplative, mais de comprendre que ces deux femmes représentent deux aspects importants de notre vie chrétienne : le don de soi et l’écoute de la Parole. La foi en action ! À nous de nous organiser pour donner une place à Dieu dans notre vie. À nous de savoir quand c’est le moment de nous arrêter pour écouter Dieu et quand il faut nous donner de la peine pour nous mettre au service des autres !
Embarqués dans le courant d’activités tout aussi prenantes les unes que les autres, nous ne ressentons pas la nécessité de prendre une pause bienfaisante. Une vie sociale tellement bien remplie que nous ne savons pas nous arrêter de temps à autre pour prendre du recul et faire le point sur le chemin parcouru. Le feu de l’action risque de nous faire perdre l’esprit d’intériorisation et de faire de nous des êtres superficiels. Le spirituel demeure ainsi étouffé, emprisonné dans l’action. Un temps de recueillement, même pour un petit instant, nous est nécessaire pour reprendre l’esprit. Un moment calme pour retrouver notre paix intérieure. Une pause salutaire pour réexaminer avec objectivité et clairvoyance notre parcours de vie. Le temps de retrouver quiétude et sérénité dans l’âme pour enfin mieux s’écouter et répondre à ses propres aspirations. Le temps d’exister pour soi, de renforcer son énergie pour mieux s’ouvrir aux autres. Aujourd’hui nous sommes invités à réévaluer les deux aspects de notre vie chrétienne : le service et la vie spirituelle. Au quotidien, accomplissons bien ce que nous avons à faire, mais ne nous perdons pas dans les dédales de nos activités. Même au milieu de nos multiples occupations, nous pouvons lever les yeux vers le Seigneur dans une attitude de paix dans l’âme. Un moment de recueillement avant toute initiative. En particulier en ce temps des vacances où il est plus facile de se donner un temps de ressourcement spirituel. Vivre nos activités au quotidien tout en restant à l’écoute de l’appel intérieur.
Laissons à Dieu une place de choix dans notre vie. C’est auprès de Lui que nous trouverons l’harmonie pour bien conduire nos actions. Nous avons besoin de Le retrouver de temps à autre au fin fond de notre âme afin de puiser à la source l’énergie nécessaire pour être en meilleurs forme d’attaque. Se reposer, c’est se ressourcer ! C’est se remettre en condition pour retrouver l’élan et la motivation afin de mieux repartir, mieux se relancer. C’est être en rupture avec le quotidien qui nous use, avec la routine et les habitudes qui nous dessèchent. La qualité de vie, de notre disponibilité aux autres s’en trouvera renouvelée. Beaucoup d’entre nous sont en vacances pendant cette période, prenons le temps de laisser la Parole de Dieu faire son chemin en nous. Prenons le temps d’entrer en conversation avec Dieu. Retrouvons la paix intérieure pour mieux repartir dans l’action. Un art de vivre au quotidien !
Bonnes vacances à toutes et à tous ! Que le Seigneur nous accompagne durant ce temps de repos réparateur.
Nguyễn Thế Cường Jacques